Skip to the content.

Episode 29-3 : La fin de l’âge du pétrole ?

Les principaux graph

Evolution du TRE de la filière 'pétrole et gaz'

Source : Gagnon, N., Hall, C., Brinker, L., 2009. A preliminary investigation of the energy return on energy investment for global oil and gas production. Lien

Offre mondiale de pétrole liquide

Source : www.postcarbon.org

TRE des combustibles thermiques

Source : EROI of different fuels and the implications for society - Charles A.S. Hall, Jessica G. Lambert, Stephen B. Balogh Lien

Récap de l’épisode

Tant que le pétrole reste une source d’énergie, il faut se poser la question du rendement. Combien de barils de pétrole servent à faire tourner la filière pétrolière comparé à combien de baril peuvent être utilisés pour faire fonctionner nos sociétés modernes. On parle de taux de retour énergétique ou TRE. C’est une notion cruciale car une société complexe et diversifiée comme la nôtre ne peut se maintenir que parce que la population trouve le temps et dispose des infrastructures nécessaires pour s’intéresser à autre chose qu’à assurer le maintien de l’apport énergétique. Si la grande majorité de la population devait travailler dans les champs ou dans des mines de charbon, nous ne pourrions pas maintenir un mode de vie nécessitant une forte spécialisation des individus dans des domaines très divers.

La question est donc centrale : quel est le TRE du pétrole et comment celui-ci va-t-il évoluer ?

La réponse est complexe mais en gros :

Le TRE moyen, tous pétroles confondus, se situe autour de 1 pour 20 à l’heure actuelle et il semblerait, malgré toutes les difficultés de calculs, que la tendance soit baissière. En effet, on commence à très sérieusement envisager que la production mondiale de pétrole conventionnel n’augmentera plus, voire même qu’elle va commencer à diminuer, et qu’il va falloir désormais compter de plus en plus sur des pétroles dits non-conventionnels : pétrole de schiste légers et sables bitumineux extra lourds. Or, ces pétroles non conventionnels ont des TRE déjà très faibles à l’heure actuelle. Sans compter que l’extraction de tous ces pétroles, qu’ils soient conventionnels ou non et parce que nous avons tendance à aller les chercher là où c’est le plus facile d’abord, va devenir de plus en plus énergivore. On pourrait alors objecter que le progrès technique n’a pas fini de nous montrer de quoi il est capable ce qui est tout à fait correct. Le progrès peut nous aider quant à l’efficacité des machines et dans les limites de ce que permet la deuxième loi de la thermodynamique. Cela dit, le progrès ne pourra jamais aller à l’encontre d’une réalité physique : l’extraction d’une même ressource enfouie plus profondément et de manière moins concentrée nécessite forcément plus d’énergie.

Plutôt qu’à cause d’un pic pétrolier provoqué par la rareté de la ressource, l’âge du pétrole pourrait bien prendre fin à cause de la diminution de son rendement énergétique. Et si cette diminution est inéluctable, son impact sur les prix lui, demeure complètement imprévisible. Les scénarios de remplacements du pétrole ou de crise économique majeure lié à son manque sont tout à fait envisageables ce qui rend les prédictions très incertaines. Ce qui est peut-être plus prévisible, c’est que l’incertitude grandissante des marchés financiers vis-à-vis de l’avenir du pétrole va provoquer des changements de prix de plus en plus fréquents et de plus en plus violents.